Henrion de Pansey

Henrion de Pansey, avocat avant la Révolution, soutenait qu'il ne pouvait pas y avoir d'esclave sur le sol français. Son plaidoyer pour Roc, Nègre, homme né libre, fut largement diffusé, notamment par Voltaire. Il termina sa carrière de grand juriste comme premier président de la Cour de cassation

 

 

Henrion de Pansey 1742-1829
Avocat au Parlement 1763
Membre du Tribunal de cassation 1800
Premier président de la Cour de cassation mai 1828-avril 1829

Henrion de Pansey, avocat, Plaidoyer pour Roc, nègre, 1770
"Il est né libre. On convient que l’on ignore comment on établit une proposition de cette espèce. Prouver à des hommes qu’un homme est né libre : eh ! Que pourrait-on ajouter à ce que la nature dit à tous les cœurs ? Il est homme ; ce mot ne renferme-t-il pas la preuve la plus victorieuse ? Encore une fois, il est homme ; voilà son titre : titre imprescriptible, inaltérable : titre supérieur aux attentats de la force, et aux ravages du temps ; titre qui doit au moins imposer à celui qui le conteste la nécessité de la preuve contraire ; oui, c’est au maître à établir l’existence de la servitude ; il suffit à l’esclave d’alléguer qu’il est né libre : on ne peut pas l’obliger d’en rapporter la preuve ; il n’est pas possible d’abaisser jusques-là la dignité de l’espèce humaine....

../.. Il faut livrer à l’indignation et à l’oubli toutes les lois des Romains sur l’esclavage. Comme celles du premier législateur d’Athènes, elles sont écrites avec du sang ; c’est l’ouvrage de la férocité, c’est l’opprobre de la raison. Dans un gouvernement pareil au nôtre, où règnent avec l’humanité la justice et la paix, de quel poids peuvent être les maximes de ces hommes, qui pendant tant de siècles ont tenu l’espèce sous leurs pieds ? Qui, dans le délire de leur ambition, croyaient que toutes les nations étaient faites pour servir, Rome seule pour commander ; qui, par un assemblage monstrueux des plus grands crimes et des plus sublimes vertus, ont inondé la terre de sang, écrasé tous les peuples, avili tous les rois, et dont toutes les nations ont été tour-à-tour les ennemies, les alliées, et toujours les dupes et les victimes.

Qu’on cesse donc d’invoquer les lois romaines. C’est par les principes admis en France qu’on doit prononcer sur l’état des hommes qui y habitent. Ainsi il ne fut jamais de maxime plus sacrée qu’il n’y a point d’esclaves en France. »

 

 

Le portrait de Henrion de Pansey orne la salle de délibéré de la chambre commerciale de la Cour de cassation